
AFNOR: « Les normes volontaires, des outils pour faire la différence »
Quel point commun entre la protection d'un casque de vélo, l'éclairage d'un stade, la conformité d'une piste d'athlétisme, le traitement des eaux usées d'une piscine municipale ou encore l'expérience-spectateur proposée par l'organisateur d'un événement sportif ? Tous peuvent faire l'objet d'une norme volontaire établie sous l’égide d’AFNOR, association loi 1901.
Objectif : offrir un cadre de référence à un produit, un équipement ou un événement et leur garantir un certain niveau de qualité et de performance. Animateur central du système français de normalisation, l’AFNOR rassemble tous les grands acteurs socio-économiques. « Notre mission d’intérêt général : organiser un tour de table avec toutes ces entités qui nous permet de co-créer les nouvelles normes ou adapter celles existantes. » indique Grégory Berthou. Si les normes volontaires ont longtemps été consacrées aux aspects techniques des produits (équipements de protection par exemple), celles portant sur des aspects de service ou des sujets sociétaux sont de plus en plus courantes. Interview.
L'AFNOR établit des normes dites volontaires. Les deux termes ne sont-ils pas, parfois, antinomiques ?
Notre rôle est de réunir autour de la table industriels, fabricants, représentants de consommateurs, Etat, institutions ou encore bureaux de contrôle pour co-construire ensemble les futures règles du jeu pour un produit, un service ou un secteur donné. Chacun est libre de s’engager de manière volontaire dans cette démarche collective ou non. Il faut les voir comme un outil d’aide plus que comme une contrainte, qui apporte une sécurité pour les pratiquants mais aussi un soutien juridique pour les collectivités ou entités qui les mettent en place. Par exemple, nous avons élaboré une norme sur l’aménagement et le balisage des pistes de ski avec Domaines skiables de France (DSF) et d'autres acteurs. Les stations ne sont pas obligées de les appliquer mais en cas d'accident, celles qui respectent les préconisations de la norme pourront prouver facilement qu’elles ont mis en œuvre les moyens nécessaires en termes de sécurité.
« La normalisation, un levier pour les innovations »
Comment peuvent-elles justement apporter leur soutien à des pratiques et produits innovants ?
La normalisation volontaire est un puissant levier de diffusion des innovations. Par exemple, la norme développée sur ces nouveaux équipements de fitness en plein air, de plus en plus présents dans les parcs, a permis d'amplifier la dynamique en offrant les niveaux de sécurité et de qualité attendus. Autre illustration, notre document de référence pour l’aménagement de parcours de trail permanents permettra de faire gagner du temps à toutes collectivités ou même entités privées qui souhaiteraient concevoir de tels parcours.
Est-ce pour cette raison que vous avez mis en place une tournée nationale, L'Enorme Tour ?
Utiliser les normes volontaires, tout le monde y gagne. Jusqu’à fin 2020, nous ferons ainsi étape dans chaque région française, avec l’appui de nos délégations régionales pour sensibiliser les professionnels, les entreprises et les collectivités sur l'intérêt de s'appuyer sur des normes pour développer son activité et renforcer l’attractivité de son territoire. L'idée est de montrer qu'au-delà des terrains de jeux internationaux et nationaux, nous sommes aussi le reflet de ce qui se passe à l’échelon local.
« Faire entendre nos propositions à l'international »
Quel rôle l'AFNOR occupe-t-elle au niveau européen et international ?
Il est fondamental en terme d’influence. Si nous avons la responsabilité de faire émerger un consensus entre acteurs au niveau français, nous devons être en capacité d'exister à l'international pour faire entendre nos positions nationales, sachant que 90% des normes volontaires sont d’origine européenne ou internationale. Par exemple, suite à l’accident dans le stade de Furiani, une série de normes françaises relatives aux tribunes de sport ont été élaborées à la demande des autorités publiques et ont servi de base aux normes européennes en vigueur. Le guide publié en 2015 par l’UNION sport & cycle sur les tribunes s’est appuyé sur ces normes.
Comment travaillez-vous avec l’UNION sport & cycle ?
L’UNION sport & cycle est un partenaire incontournable de la normalisation volontaire dans le secteur du sport et des loisirs. Elle a été élue au conseil d'administration de l'AFNOR l'an dernier, où elle est représentée par Virgile Caillet. Plusieurs de ses adhérents participent aux commissions de normalisation concernant par exemple les aménagements ludiques et sportifs, les vélos, les équipements de protection individuelle, le matériel de ski ou la remise en forme. Ces commissions sont rattachées à un comité stratégique qui fut présidé plusieurs années par la FIFAS, et dont la vice-présidence est désormais assurée par Decathlon, adhérent à l’Union.
Quels sont les challenges de l'AFNOR pour les années à venir dans ce secteur du sport & loisirs ?
Ils sont multiples. Faire évoluer la perception que les acteurs français ont des normes volontaires, car nul n’est censé ignorer les bienfaits de la normalisation volontaire. Participer à notre niveau à l'objectif de développer la pratique du sport pour tous dans la dynamique des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, en co-créant de nouvelles normes pour favoriser la diffusion d’équipements sportifs innovants (vague artificielle, pumptracks…) et accompagner de nouvelles pratiques en quête de structuration pérenne comme le marché du esport par exemple. Nous avons aussi un rôle à jouer en termes de développement durable et d'engagement sociétal pour disséminer les bonnes pratiques liées à l'organisation d'événements toujours plus responsables.