ANS : « 83 % de nos moyens ne vont pas à de potentiels médaillés »

« 83 % des moyens qui sont destinés aux sportifs de haut niveau vont à des sportifs qui ne seront jamais considérés comme des athlètes susceptibles d’être médaillés aux Jeux. Le sport français avait tendance à éparpiller les moyens afin d’éviter les choix forts, il donnait à tout le monde. Il faut cibler les investissements. Le périmètre du haut niveau doit être traité de manière très spécifique, des acteurs doivent être identifiés  », déclare Claude Onesta, manager général de la haute performance à l’Agence nationale du Sport (ANS), à l’Assemblée nationale le 24/10/2023

Il est auditionné par la commission d’enquête « relative à l’identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif en tant qu’elles ont la délégation de service public. » Juste auparavant, Didier Dinart, l’entraîneur de l’US Ivry Handball (Liqui Moli Starligue), ancien handballeur international français et ancien sélectionneur de l'équipe de France masculine, a été entendu (en visioconférence) à huis clos. 

Cette commission, créée le 20/06/2023 et présidée par Béatrice Bellamy (député Horizons et apparentés de la Vendée), fait suite à de nombreuses révélations de sportifs de haut niveau victimes d’abus et à différents scandales dans la gestion de grandes fédérations délégataires. 

« Nous avons eu un procès d’intention sur notre élitisme, mais nous avons augmenté l’investissement aux fédérations de 25 % et les moyens d’accompagnement socio-professionnel aux athlètes de 75 %. L’accompagnement des supports techniques a augmenté de 130 %. Nous avons également augmenté le projet paralympique de 300 % » déclare Claude Onesta au cours de l’audition dont News Tank reproduit ci-dessous les éléments essentiels.

 « Un seuil minimum de ressources pour les athlètes français d’environ 40 000 euros brut par an »

Gaël Quérin, membre de l'équipe de France de décathlon des Jeux de Rio en 2016, vivait alors sous le seuil de pauvreté - ©  D.R.

•  « Aujourd’hui, nous sommes engagés à dire et à faire qu’aucun athlète présent dans la délégation française aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 sera sous le seuil de pauvreté.
•  Nous garantissons un seuil minimum de ressources aux athlètes français participant aux Jeux et ce seuil équivaut à environ 40 000 euros brut par an. Tous les athlètes qui perçoivent plus que ce seuil ne toucheront pas d’argent de l’Agence nationale du Sport.
•  Les modèles d’agences nationales du sport anglaise et française sont très différents. Dans le modèle anglais, l’agence dirige et décide pour la totalité du sport de haut niveau sur l’ensemble de la Grande-Bretagne et donc elle a la charge de la décision. En France, nous avons la charge du financement, de l’évaluation, du contrôle et de l’accompagnement, mais les décisions restent à la discrétion des fédérations. l’Agence nationale du Sport n’interfère pas dans le travail de gouvernance. »

« Concernant les violences sexistes et sexuelles, il vaut mieux alerter pour rien que de se taire »

•  « Ma certitude est que la prise de conscience des violences sexistes et sexuelles est là. Peut-être a-t-il fallu l’horreur des affaires sorties au grand jour pour que cette prise de conscience arrive. 
•  Aujourd’hui, ces affaires sont poursuivies et je peux vous assurer qu’il n’y a plus aucun dirigeant sportif (de club, de structure régionale ou de fédération nationale) qui mettra un mouchoir sur une situation inappropriée. Tout acteur témoin de ce genre de situation, qui n’aurait pas donné suite à des signalements et alerté, serait en grande difficulté car il vaut mieux alerter pour rien que de se taire. »

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