
Commerce français, plateformes étrangères : la bataille pour l’égalité
« Tous à la même enseigne ! » C’est le mot d’ordre fort et sans équivoque lancé conjointement par le Conseil du Commerce de France (CdCF) et la Confédération des Commerçants de France (CDF), soutenus par plus de 230 enseignes et 30 fédérations dont l’UNION sport & cycle. Cette mobilisation, matérialisée par une campagne digitale d’envergure, vise à dénoncer l’injustice qui frappe le commerce français face à la prolifération incontrôlée des géants du e-commerce chinois tels que Temu, Shein ou AliExpress.
À l’origine de cette indignation : des chiffres accablants. Selon les services des douanes françaises, 94 % des produits contrôlés en provenance de ces plateformes sont non conformes et 66 % présentent un danger pour la santé ou la sécurité des consommateurs. « Si un commerçant français vendait de tels produits, son magasin serait immédiatement fermé », dénonce la campagne visuelle lancée par les fédérations.
Une concurrence déloyale
Les enquêtes des autorités françaises et européennes révèlent que ces plateformes
Lettre ouverte au Gouvernement du @CdCFcommerce et de la @CDF_Commercants associés à 14 fédérations et plus de 230 enseignes et détaillants du commerce de détail pour demander le #déréférencement de Shein et Temu.
— Conseil du Commerce de France (CdCF) (@CdCFcommerce) June 3, 2025
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contournent régulièrement les normes de sécurité, d’étiquetage, de transparence et même les obligations fiscales. Jouets sans marquage CE, textiles contenant des substances interdites, absence de traçabilité : les infractions sont multiples et touchent en particulier les produits destinés aux enfants. La Toy Industry of Europe rapporte même que 100 % des jouets testés sur ces sites ne respectent pas les normes de l’UE.
Au-delà du danger, c’est la distorsion de concurrence qui indigne les professionnels du secteur : alors que les commerçants français se conforment à des réglementations strictes, ces plateformes bénéficient d’un avantage injuste en éludant TVA et droits de douane. Et ce, en profitant notamment de l’exonération sur les colis de moins de 150 €, que la Commission européenne envisage de supprimer.
Les leviers juridiques existent
Pourtant, les outils juridiques pour agir ne manquent pas. Le Code de la consommation autorise la DGCCRF à ordonner la suspension, le déréférencement, voire le blocage de l’accès à un site en cas de manquements graves et persistants. Ce fut le cas en 2021 pour la plateforme Wish. Aujourd’hui, les signataires de la lettre ouverte au gouvernement appellent à reproduire cet acte de fermeté face aux géants chinois du e-commerce.
La Commission européenne a d’ailleurs engagé une procédure contre Shein, sommée de mettre fin à ses pratiques commerciales trompeuses sous peine de sanctions. Une enquête est aussi en cours contre Temu.
« Nous ne demandons pas de privilèges, mais que les règles s’appliquent à tous, avec les mêmes exigences », résume Pierre Bosche, président de la CDF. Son homologue du CdCF, Yves Audo, appelle quant à lui à mettre fin à l’illusion d’une prétendue "vertue" des plateformes étrangères qui se cachent derrière des promesses de mode à la demande.
Pour sa part, Pascale Gozzi, vice-présidente de l’UNION Sport & Cycle avertit, “les autorités françaises et européennes doivent lutter contre ces plateformes de manière urgente. Ces plateformes ont pour effet de dévaluer la valeur de nos produits et représentent une menace pour nos commerces, qui créent des emplois au sein des territoires”.
Car il ne s’agit plus seulement de défendre les commerçants, mais de protéger les consommateurs, garantir la sécurité des consommateurs, préserver l’économie locale et affirmer la souveraineté économique de la France et de l’Europe.
Le message des fédérations est clair : l’inaction coûte cher. Il est temps d’appliquer les lois existantes, de faire preuve de courage politique et de rétablir une concurrence loyale. Pour que, enfin, tout le monde soit vraiment à la même enseigne.