« Faire émerger une véritable culture du sport dans notre pays »

La présidente de l’UNION Sport & Cycle revient sur le Grand Oral, l’événement fédérateur du mouvement sportif. Elle défend les solutions concrètes que le sport peut apporter aux principaux enjeux de notre paysen matière de santé, d’éducation, d’emploi, d’inclusion sociale et de transition écologique.

Filieresport : Quel regard porter sur le Grand Oral du Sport en présence de 3 des 8 candidats à la présidentielle invités par le mouvement sportif ?

Pascale Gozzi : Le « Grand Oral Sport » a été la première occasion pour les acteurs du monde du sport de proposer une initiative collective. Les huit organisateurs ont ainsi pu faire entendre leur voix auprès des candidats à l’élection présidentielle, des médias et du grand public. Nous pouvons nous réjouir d’avoir su agir de concert et d’avoir montré un tel front uni.

Nous avons fait le choix de n’inviter que huit candidats (être à 5 % dans les sondages ou être soutenu par un parti représenté par un groupe parlementaire) et non leurs représentants afin qu’ils s’engagent personnellement pour le sport. Nous assumons ce choix. En effet, le quinquennat qui s’ouvre offrira une place particulière au sport avec l’organisation des championnats du monde de ski alpin à Courchevel-Méribel en 2023, de la coupe du monde de rugby en 2023 et des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024. Surtout, les enjeux du monde du sport, notamment au sortir de la crise sanitaire, justifiaient pleinement la présence des candidats.

Si nous regrettons l’absence de plusieurs candidats, nous sommes conscients que la tenue de ce genre d’événements soitforcémentimpactée par le contexte géopolitique et social actuel.Nous remercions Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Yannick Jadot pour leur participation.

Ce « Grand Oral Sport » aura néanmoins été un succès. Retransmis en direct sur Sport en France, la chaine du Mouvement sportif, il a réuni plus de 50 journalistes et aura permis de mettre en lumière les attentes du monde du sport dans le cadre de la campagne présidentielle.

Filieresport :Le sport a t-il toute sa place comme thématique de la prochaine élection présidentielle ?Pascale Gozzi :Le sport a non seulement toute sa place dans le cadre de la campagne présidentielle, mais il doit jouer un rôle majeur dans les politiques publiques qui seront menées lors du prochain quinquennat. Le sport offre en effet des solutions concrètes et durables aux principaux enjeux de notre pays, que ce soit en matière de santé, d’éducation, d’emploi, d’inclusion sociale et de transition écologique. Au vu de ses multiples externalités positives, le sport doit désormais être considéré comme essentiel.

Filieresport : Avez-vous le sentiment que les bienfaits du sport sur la santé et la transition écologique sont désormais pris en compte dans les programmes politiques ?

Pascale Gozzi :Il ne relève pas de mon rôle de Présidente de l’UNION Sport & Cycle de juger des programmes des candidats à l’élection présidentielle. Mais il est évident que les apports du sport en matière de santé et de transition écologique doivent être rappelés avec force.

La santé représente l’une des préoccupations majeures des Français. La pandémie a souligné la difficulté d’accès aux soins et a accentué le phénomène de sédentarité qui touche d’amples pans de la population. On estime actuellement que 95% des adultes pourraient voir leur santé se détériorer à cause d’un manque d’activité physique.

Le sport participedu bien-être et de la bonne forme physique des individus. La pratique d’une activité physique régulière permet une augmentation de l’espérance de vie de 3 ans ou un retardement de l’âge de début de la dépendance de 6 ans. Il participe aussi de la réduction des maladies cardiaques, des problèmes de diabète, ou de l’hypertension. En découle des économies substantielles sur les dépenses de santé.

L’enjeu environnemental occupe également une place croissante dans les préoccupations des Français. Et comme en matière de santé, le sport représente un outil mobilisable par les pouvoirs publics. La sensibilisation des pratiquants, l’organisation d’évènements durables la responsabilité sociale et environnementale des organisations sont des pistes d’actions centrales pour notre secteur. Le développement des mobilités douces, le vélo en tête, représente aussi un levier impactant et pertinent. 

Filieresport : Le sport est-il vu désormais comme créateur d'emplois par les leaders des partis et les candidats à l'élection ?

Pascale Gozzi :Tous les candidats ne semblent pas avoir pris en compte cette dimension. En tant que première organisation professionnelle des entreprises de la filière du sport, des loisirs et du cycle, l’USC a la responsabilité de porter ce message. L’UNION Sport & Cycle fédère en effet 1 700 entreprises, dont 95% de TPE-PME représentants plus de 3 000 points de vente, 500 marques, plus de 2 100 établissements sportifs, 80 000 salariés et 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulé.

Au global, le sport représente aujourd’hui plus de 77 milliards d’euros de chiffre d’affaires, impliquant 112 000 entreprises et 330 000 emplois, soit 2,2% des effectifs salariés de l’Hexagone. Et certains secteurs de notre filière sont particulièrement porteurs en matière de création d’emplois, à l’image du secteur du cycle. D’autres entreprises, comme les commerces et les loisirs sportifs marchands, rencontrent un fort enjeu d’employabilité. Les pouvoirs publics doivent les accompagner pour améliorer les formations, et ainsi répondre aux besoins des entreprises en matière de recrutement, et favoriser la fidélisation de leurs collaborateurs.

Filieresport : Pourquoi et comment l'Union Sport & Cycle a participé à la consultation du mouvement sportif sous l'égide du CNOSF ?

Pascale Gozzi :Du fait de notre représentativité et de nos différentes expertises, nous avons été sollicités par le CNOSF pour participer à l’organisation de cet événement, aux côtés du CPSF, de l’ANLSP, du COSMOS, du MEDEF, de SPORSORA et de l’ANDES. Il était légitime que le secteur marchand du sport s’exprime dans le cadre de ce débat par la voix de l’UNION Sport & Cycle.

Par l’intermédiaire de nos entreprises adhérentes, nous avons adressé plusieurs questions aux candidats présents, et notre Délégué Général Virgile CAILLET a participé à la conférence de presse de restitution.

Filieresport : Quelles ont été la méthodologie et la finalité de la propre contribution de l'UNION Sport & Cycle pour cette élection ? Comment avez-vous déterminé les 4 axes économie, santé, transition écologique et équité ?

Pascale Gozzi :Tout au long du mois de janvier, l’ensemble des entreprises adhérentes à l’UNION Sport & Cycle étaient invitées à se prononcer sur les propositions qui seraient portées par leur organisation professionnelle dans le cadre de l’élection présidentielle à venir auprès des candidats et de l’opinion publique. Les entreprises ont été nombreuses à répondre à cette consultation et à faire part de leurs propres propositions.

Nos propositions visent à défendre au mieux les intérêts des entreprises de la filière. Elles doivent permettre de faire reconnaître le sport comme activité et secteur essentiels et de faire émerger une véritable culture du sport dans notre pays. Nous avons choisi les quatre axes qui représentent les thèmes majeurs de la campagne présidentielle et avons tâché de démontrer en quoi le sport y apportait des solutions concrètes.

Filieresport : Est-ce que l'Union Sport & Cycle va poursuivre son dialogue avec les candidats et les partis jusqu'au 2ème tour de la présidentielle puis pendant la campagne des législatives qui suivra ?

Pascale Gozzi :Bien sûr. C’est là le rôle de notre syndicat professionnel. Au-delà de l’événement du 17 mars et des prises de parole publiques, nous avons tissé depuis des mois des liens avec les différentes équipes de campagne afin de faire valoir nos propositions. Ce travail continuera dans les prochaines semaines. Il s’agit de renforcerla notoriété et le rôle d’expert de l’UNION Sport & Cycle auprès du futur gouvernement et de la future représentation nationale sur l’ensemble de nos sujets du sport, des loisirs, du cycle et de la mobilité active.

Filieresport : A votre échelle géographique et en tant que soutien économique du sport local avec votre entreprise, dans quel état d'esprit sont les dirigeants d'associations sportives après 2 ans de pandémie et à la veille des Jeux Olympiques ?

Pascale Gozzi : Les confinements successifs ont impacté sérieusement les associations sportives et la reprise n’a pas été évidente. Nous sommes dans un monde de passion, d’humain et de bénévolat.  Ces motivations ont été déstabilisées. Nous soutenons les clubs et nous souhaitons qu’ils retrouvent leur niveau de licenciés et leurs groupes de bénévoles. Les prochains grands événements sportifs qui se dérouleront en France, Coupe du monde de rugby, Jeux Olympiques…., auront des effets positifs sur ces deux populations. Cela redonnera du dynamisme aux bénévoles dont on a tant besoin et le très haut niveau est toujours un moteur pour faire découvrir et aimer des sports aux jeunes et aux moins jeunes.