
Les "quincados", ces jeunes seniors redéfinissent le rapport au sport
Un terme utilisé pour désigner ces quinquagénaires aux allures d’ados, encore très actifs socialement, professionnellement et physiquement. À l’occasion de la Matinale organisée le 17 avril dernier par l’Union Sport & Cycle au ministère des Sports, cette nouvelle catégorie générationnelle a été au cœur des échanges sur les transformations démographiques et leurs effets sur la pratique sportive.
Car les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2025, les 50-75 ans représentent près d’un tiers de la population française, soit quasiment autant que les moins de 30 ans. Une bascule démographique inédite, qui oblige les acteurs du sport à repenser leur offre. La vieillesse ne commence pas à 60 ans. Selon Isabelle Delaunay, sociologue et spécialiste des politiques publiques sociales, « il faut distinguer vieillesse, fragilité et dépendance. Le sport pour les quincados ? C’est d’abord une question de bien-être, de plaisir et de lien social, loin de toute logique de performance.»
À la tête de la Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire (FFEPGV), Philippe Prud’homme confirme cette tendance : « 80 % de nos licenciés ont plus de 50 ans. Ce qu’ils cherchent : bouger, se sentir bien, partager ». Marche, yoga, gymnastique douce, aquagym… Les pratiques plébiscitées sont régulières, encadrées, mais surtout non compétitives.
Cette population ne veut pas vieillir comme les générations précédentes : elle veut vieillir en mouvement. En refusant les injonctions à ralentir, les quincados redéfinissent les contours de la vieillesse et avec elle, les politiques sportives. Encore faut-il que celles-ci prennent en compte leurs besoins spécifiques. Comme le souligne Shems El Khalfaoui, adjoint au Maire de Saint-Denis : « Le système sportif est pensé pour les compétiteurs visibles. Ni les jeunes, ni les quinquagénaires n’y trouvent vraiment leur place. »
Entre longévité active et quête de sens, les quincados incarnent un nouvel âge de la vie et un nouveau défi pour le monde du sport. Encore minoritaires dans les priorités publiques, ils pourraient pourtant en être les piliers de demain.