[INTERVIEW] Le sport santé, un enjeu national
Selon le ministère du Travail, la sédentarité constitue aujourd’hui un facteur de risque majeur, à l’origine de nombreuses maladies chroniques : cardiovasculaires, métaboliques ou mentales.
L’institution rappelle que “l’activité physique contribue à prévenir de nombreuses pathologies et améliore la qualité de vie à tout âge”. Pourtant, la majorité des Français ne bougent pas assez, piégés dans des modes de vie de plus en plus statiques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 9 % des décès sont liés au manque d’activité physique et 47,3 % des adultes sont en surpoids en France.
Une tournée pour rappeler que “le sport est essentiel”
Lancée par l’Union Sport & Cycle et le Collectif pour une France en Forme, la tournée “Le Sport est Essentiel” parcourt l’ensemble du territoire pour promouvoir l’activité physique sous toutes ses formes. Chaque étape, comme celle organisée à Toulon le 1er octobre, réunit des experts, des sportifs et le grand public autour d’ateliers, de conférences et de démonstrations. L’objectif : montrer que le sport santé n’est pas réservé aux athlètes, mais qu’il peut être pratiqué par chacun, quel que soit son âge, son état de santé ou son niveau.
Stéphane Diagana : “le sport peut être un vecteur de santé formidable”
Parmi les personnalités les plus engagées en faveur du sport-santé figure Stéphane Diagana, ancien champion du monde d’athlétisme et consultant sportif : “Cela fait une vingtaine d’années que j’ai choisi de m’investir en sport santé, à partir du moment où on a commencé à mettre ces deux mots côte à côte, sport, santé. Parce que j’ai compris que le sport pouvait être un vecteur de santé formidable.”
Pour lui, le sport santé ne s’adresse pas uniquement aux sportifs confirmés, : “Il concerne aussi les personnes qui sont éloignées de la pratique et qui ont par exemple des limitations fonctionnelles du fait d’une maladie ou d’un handicap.”
L’ancien athlète tient à distinguer deux notions souvent confondues : “Si on parle de santé, ce n’est pas le sport qui est essentiel, c’est l’activité physique. Le corps humain était conçu pour le mouvement et on s’est arrêté de bouger brutalement. (…) Notre évolution n’avait pas prévu ça. Nous ne sommes pas programmés génétiquement (…) pour avoir aussi peu d’activité physique et pour être aussi sédentaire.”
Et pour pallier le manque d’activité physique chez les personnes les plus éloignées, former les soignants à la prévention par le mouvement apparaît comme une solution. Bien que la communication autour du sport santé progresse, Diagana estime que le corps médical reste encore trop peu sensibilisé : “Les médecins ne sont pas vraiment formés à la prévention de manière générale et à la prévention par l’activité physique en particulier, et ils n’ont pas conscience eux-mêmes (…) des enjeux du mouvement dans la bonne santé de la population et de leurs patients". Selon lui, cette formation devrait concerner l’ensemble des personnels de santé — médecins, infirmiers, pharmaciens — afin que la prescription d’activité physique devienne un réflexe de prévention.
La jeunesse au cœur des priorités
Stéphane Diagana insiste également sur l’importance d’agir dès le plus jeune âge : “Un jeune, encouragé par ses parents et par des adultes pratiquant régulièrement une activité physique, adopte-lui aussi ce mode de vie. En grandissant, il devient un adulte qui transmet à ses enfants l’importance de rester en mouvement.”
Mais le champion du monde met en garde contre la place grandissante des écrans : “On sait aujourd’hui que les enfants sont sollicités par les écrans plus qu’on ne l’était avant. (…) Cela peut servir de prétexte pour se tourner vers les écrans et rester inactif.” Pour y remédier, il propose de retourner les outils numériques au service du mouvement : “Il faut se servir aussi de ces outils pour les toucher et pour faire de la promotion. (…) Certains influenceurs invitent à retrouver le goût de la nature, à reprendre contact, à aller dehors, à sortir.”
Une société en quête de mouvement
La tournée Le Sport est Essentiel s’inscrit pleinement dans cette dynamique nationale. En 2024, le sport santé a été déclaré Grande Cause Nationale, renforçant la sensibilisation du grand public et rappelant qu’une activité physique régulière réduit de 20 à 30 % le risque de dépression.
En 2025, l’enjeu est désormais de transformer cette prise de conscience en habitudes durables : bouger chaque jour, quel que soit son âge ou sa condition.
La Rédaction
